samedi 14 juillet 2012

Ministère de la Culture, 182 rue Saint-Honoré [1919]


Il n'est pas toujours nécessaire d'en passer par le bulldozer pour annihiler le passé, c'est ce que nous enseigne aujourd'hui l'étrange façade située au coin des rues Saint Honoré et Croix des Petits Champs dans le 1er arrondissement. Depuis 2004, il ne reste quasiment rien de l’œuvre de l'architecte Georges Vaudoyer, rien du moins qui s'offre clairement au regard du passant. Ce bâtiment  en pierre et vastes baies vitrées est en effet désormais le prisonnier d'une bien étrange armature métallique.

Le Ministère de la Culture avant travaux (photo de Hervé Abbadie)




Construit en 1919 comme réserve pour les Grands Magasins du Louvre jadis situés de l'autre côté de la rue Saint Honoré, l'immeuble est racheté en 1933 par le Ministère des Finances, qui l'agrandit en 1960 en construisant derrière celui-ci un second bâtiment donnant sur la rue Montesquieu. L'ensemble forme l'îlot dit des Bons Enfants, du nom de la rue située à l'ouest du pâté de maisons.

Lorsqu'en 1989 les différents services du Ministère des Finances sont réunis dans le hideux paquebot de béton de Bercy, c'est le Ministère de la Culture, dont le cabinet du ministre est tout proche, rue de Valois, qui hérite des bureaux de l'îlot des Bons Enfants.

L'heure est à la réhabilitation, et quelques années plus tard, un projet d'uniformisation des façades est adopté. Il s'agit d'« harmoniser » l'aspect des deux bâtiments, marier le style classique du bâtiment de Vaudoyer avec la modernité déjà vacillante de l'ouvrage bétonneux de l'architecte Lahalle construit en 1960. Le mariage est confié à Francis Soler dont le projet est d'entraver les deux façades dans un gribouillis d'acier inoxydable destiné à apporter de la cohérence à l'ensemble.


La mission fut si bien accomplie que les descendants de Georges Vaudoyer poursuivirent l'État et l'architecte responsable des méfaits, réclamant la suppression du grillage en acier qui, selon eux et sans doute bien des promeneurs, défigure l’œuvre de leur grand-père. La justice reconnut le préjudice, « en raison de la présence d'un élément venu porter atteinte à l’œuvre d'un créateur sans impératif esthétique, technique ou juridique », tout en se refusant à obliger l'État à retirer la structure parasite portant légalement atteinte à ladite œuvre...

L'immeuble de 1960, après « réhabilitation »

2 commentaires:

  1. http://olivierhobe.blogspot.fr/
    bonjour, je ne vois pas, sur le site, comment vous contacter...

    RépondreSupprimer