vendredi 6 juillet 2012

Autour de la place d'Italie [1864]

Au premier plan à gauche, l'îlot situé entre la rue Bobillot et l'avenue d'Italie en 1950
(photo de Roger Henrard)

Depuis une quarantaine d'années, de part et d'autre du square de la place d'Italie, se livre un affrontement sourd entre deux mondes aux antipodes. La place présente deux visages au promeneur : au nord, occupant deux bons tiers du périmètre entre la rue Bobillot et le boulevard Vincent Auriol, avec dans son axe la belle mairie du 13ème arrondissement, c'est le monde d'hier ; au sud, minoritaire dans son occupation au sol mais dominant le quartier verticalement, le monde moderne se dresse face à 150 ans d'histoire. D'un côté, des façades haussmanniennes en matériaux traditionnels, de l'autre, blocs de béton et verre aux dimensions démesurées. Élégance et charme au nord, arrogance et médiocrité en vis à vis.

A gauche, un immeuble aujourd'hui démoli, en 1950
(photo d'Edith Gérin)

Sur cette place aujourd'hui détestable dès lors qu'on pointe son regard vers le sud, il semble pourtant avoir fait bon vivre. Ainsi, le pâté de maisons inséré entre la rue Bobillot et l'avenue d'Italie était semblable à ses voisins. On y trouvait encore dans les années 50 – comme le montre ci-dessus la photo d'Edith Gérin (1) – de la pierre et des petits commerces de bouche traditionnels.

Le centre commercial "Italie 2", dessiné par l'architecte japonais Kenzo Tange
A cet endroit précis, on voulut un temps édifier un gratte-ciel de plus de 200 mètres de hauteur (la tour « Apogée »), avant que le projet ne soit interdit par l'État en 1975. Son promoteur, après avoir extorqué des indemnités colossales aux pouvoirs publics, revit ses prétentions à la baisse en construisant le centre commercial « Italie 2 », et c'est en quelque sorte une moindre désolation que cette façade de verre surplombée d'une tourelle tarabiscotée aux prétentions artistiques plutôt absconses. Le petit commerce de bouche a laissé place à la consommation de masse, et le monde moderne ne tardera pas à dévorer l'ensemble de la place, au train où vont les choses.


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